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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 08:14

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Le moulin Thiébaud, activé le 29 juin 2014 sous la référence DMF 25-012 .

 

Les moulins sont souvent amodiés. En 1495, Jacques Pégaut de Labergement amodie ceux du village pour cinq ans à raison de huit muids de blé (moitié orge, moitié avoine), 25 blancs de chevesne et 10 gros en argent.

Un texte ancien résume les servitudes des villageoisconcernant le moulin situé sur le Doubs:

"....appartiennent à l'Abbaye....en toute propriété les moulins, foules et battoirs estant au village dudit Labergement et sur la rivière du Doubs, auquel moulin les habitants sont tenus d' aller mouldre, tous et chascun d' eux, leurs grains pour leur usage et necéssité, à peine que faisant le contraire, ils soient condamnés à 60 sous d' amende....sauf si le moulin ne peut tourner ou mouldre, par faulte d' eau en temps d' esté, par gelée en hyver ou aultre notable empeschement..."

 Foules et battoirs, souvent associés aux moulins dans les textes, servaient à battre le drap. 

Le 15 décembre 1668, les frères Defrasne, meuniers, sont sommés par l' échevin du village, sur requête des habitants, de remettre celui-ci en état pour qu' ils puissent continuer à moudre leurs grains.

Enfin, en 1786, les religieux de l'Abbaye décident de remplacer le moulin dont ils sont propriétaires, situé sur une petite île du Doubs, proche des bâtiments actuels (une centaine de mètres plus au nord), lequel est devenu improductif parce que recouvert de sable et de pierrailles. le meunier est jacques Louis Rousselet. Les habitants du village contestent le projet pour des raisons de propriété du terrain et par peur des innondations sur les maisons voisines. C' est seulement après réunion des parties sur la place publique qu' une convention est signée le 9 juin 1786, entre eux et les religieux.

Un répère, vers les vannes de décharge, fixe le niveau d' eau maximum pour le fonctionnement du moulin. Celles- ci seront levées au moment des crues. le canal devra être entretenu. La communauté fera un chemin sur l' emplacement de l' ancien canal.

 

Un nouvel ensemble.

Il sera construit à 314 pieds (104,66 mètres) au sud de l' ancien et composé ainsi:

Un grand bâtiment pour moulin et scierie, de 72 pieds (24 m) sur 38 pieds (12,66m) comprenant un four à l' angle nord-est, avec 20 pieds (6,66m) d' aisance autour. Un petit bâtiment à usage de moulin à écorce et ribbe à chanvre, dont l' emplacement est fixé à saunoise (ouest) de l' autre. Ses dimensions sont de 24 pieds (8m) sur 22 pieds (7,33m).

Le bassin de retenue est à 11 pieds (3,66m) de la tannerie Saillard à l' ouest. Il aura 5m de large à son embouchure et 10,50 m au niveau du moulin. Le canal aura 151 pieds (47m) de long de sa naissance jusqu' à son arrivée sur les rouages. Le meunier Rousselet semble garder le fermage du nouveau moulin pour 9 ans.

 

Des meuniers aux usiniers: les familles se succèdent.

Le 29 thermidor an 4 de la République (16 août 1796), les frères Jean-Joseph et Jean-François Loye, cultivateurs à Beauregard, achètent le moulin avec pour obligation de se conformer au procès verbal de l' ingénieur Liard. L' ensemble se compose de deux bâtiments neufs:

       - Un quartier bas, formé d' une cuisine, de deux chambres, d' une chambre à feu, d' un cellier, d' une écurie et de deux moulins à blé.

       - Une ribbe et deux scies (une verticale et une circulaire) avec huilerie, un moulin à écorces.

 

 Les frères Loyes vont, eux aussi, affronter la colère des voisins lorsqu' ils entreprennent, le 12 décembre 1800, de construire un nouveau barrage. Onze chefs de famille demandent devant la justice que leur travail soit démoli. Condamnés une première fois, ils obtiendront satisfaction en appel sous prétexte que leur entreprise n'est que momentanée.

Mais peu de temps après ils échangent leur moulin contre la maison et les terres que possède à Labergement Marie-Antoine Deniset, épouse de Jean-Baptiste Lamy.

 

Jean-Baptiste Lamy et ses fils.    

Jean-Baptiste Lamy et ses fils maintiennent le nouveau barrage ou chaussée et l' élèvent même encore un peu. En 1829, nouveau conflit entre les meuniers et la commune sur la hauteur du barrage, mais cette fois c' est la prescription trentenaire qui sauve les deux fils François-Joseph et Clément-Julien Lamy. Ils possèderont le moulin en indivision jusqu' en 1843. A cette date, Clément-julien, seul, cède l' établissement à Jean-Pierre Jacquin. Il comprend encore le moulin à écorces, le ribbe et une scierie.

 

La famille Jacquin: Développement de la scierie.

En 1850, Jean-Pierre Jacquin prolonge au nord le bâtiment pour le moulin à écorces par une construction nouvelle utilisée comme forge. l' établissement comporte deux paires de meules, une scie verticale et une circulaire. Le propriétaire est encore meunier. Ses initiales sont gravées au dessus d' une fenêtre des bâtiments actuels.

par la suite, les frères Charles-Adolphe et théophile Jacquin se partagent la propriété des lieux. Ils seront qualifiés d' usiniers dans les actes de vente futurs, ce qui signifie que l' activité du sciage prenait petit à petit le relais. Les héritiers de Charles-Adolphe seront en indivision avec Théophile puis l' un d' eux, Emile, rachète la part des autres en 1886.

 

La famille Moureaux.

Le 3 octobre 1887, trois frères Moureaux, cultivateurs à Rochejean, rachètent l' usine pour la somme de 6600 F à la suite d' une vente après saisie des immeubles de la famille Jacquin.

L' ensemble se compose d' une usine sur le cours du Doubs, construite en pierre et bois, couverte en tavaillons, avec appartements au rez-de-chaussée et à l' étage, comportant 2 chassis, une batteuse, un moulin à blé et une scie circulaire, cave, grange, écurie, grenier sur le tout.

il y a aussi un petit pavillon contigu, comprenant forge, moulin à blé et grenier.

Il semble que les moulins à écorces, à huile et à chanvre aient disparu à cette époque et qu' un moulin à blé se soit installé dans l' ancien moulin à écorces.

Le 11 août 1891, Modeste Moureaux rachète la part de ses deux frères. Il meurt le 17 octobre 1901 et la propriété entre en indivision entre sa veuve et ses quatre enfants.

 

Mimi du moulin.

Le 10 août 1913, Emile Moureaux, l' un des quatre enfants, rachète la part des autres membres de la famille, qui continuent de vivre dans le grand bâtiment de ferme. l' usine va subir un certain nombre de transformations:

        - Changement du chassis à lames verticales.

        - Remplacement des roues, en 1926, par la turbine actuelle.

        - Supprssion d' une paire de meules.

        - Avancée du toit de la scierie côté route, dans les années 1930.

        - Suppression des pans sur les pignons des bâtiments et remplacement des tavaillons par de la tuile mécanique.

        - suppression des appentis en bois sur les façades nord et est du grand bâtiment ainsi que de la batteuse logée sous ce dernier.

 

La famille Thiébaud.

Un ancien ouvrier de la scierie originaire de Romeray, Constant Thiébaud, épouse en 1919 Thérèse Moureaux, une soeur d' Emile. Au côté de son beau-frère, il va se spécialisédans le négoce du bois et acquérir ou louer pour cela d' autres scieries, à Malbuisson et Remoray.  A la mort d' Emile Moureaux en 1942, il sera seul propriétaire. Il décède à son tour en 1944 et l' établisement reviendra à ses deux enfants, René et sa soeur Gabrielle.

En 1951, René Thiébaud reprend la scierie et y apporte un certain nombre de modifications. Dans l' ancien bâtiment de ferme à l'est, il aménage grange et écurie en logements locatifs pour les estivants. En 1960, il transforme la partie ouest du moulin en habitation familiale. Les meules sont détruites. La scierie, dont le matériel est remplacé, maintient son activité jusqu' au 20 octobre 1987 en fonctionnant sur un mode de production traditionnel, grace à l' eau du bief et à la turbine. René Thiébaud décède en 1993. Aujourd' hui l' ancienne scierie fonctionne encore parfois pour les besoins familiaux.

 

Renseignements très aimablement fournis par Monsieur Philippe Robbe, directeur de publication de "Racine", revue de l' association: "Labergement-évolution".

Photo: moi-même.

 

 


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commentaires

D
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